En mai dernier, plus d'un dirigeant sur deux (54%) déclarait que son activité avait été arrêtée pendant le confinement, une situation inédite qui avait vu plonger l'indicateur de l'optimisme à son plus bas historique (49). Un mois après, et bien qu'il soit encore nettement en-deçà des niveaux observés ces dernières années, le moral des chefs d'entreprise reprend : l'indicateur de l'optimisme gagne 24 points entre mimai et mi-juin (73).
L'inquiétude, sentiment majoritaire certes, chute de 11 points (33%) au profit de l'optimisme (32%) et la confiance (31%) qui enregistrent respectivement des hausses de 8 et 3 points.
Ces sentiments antagonistes se côtoient de près, notamment pour les plus petites entreprises partagées entre crainte et espoir (34% sont inquiètes et 31% confiantes), quand domine très largement chez les plus grandes entreprises la confiance (47%). Pour rappel, en mai dernier, petites comme grandes entreprises exprimaient en premier lieu de l'inquiétude (45% pour celles comptant moins de 10 salariés et 34% pour celles en ayant 10 ou plus).
Une dynamique positive donc, dont les effets se ressentent dans les projections pour l'année à venir : 30% des dirigeants se déclarent confiants pour l'économie française (+11 points) et 31% pour l'économie mondiale (+14 points). Ces scores s'avèrent proches de niveaux (certes parmi les plus faibles) enregistrés au cours des trois dernières années, mais surtout ils sont supérieurs – pour l'économie française – à ceux datant du mandat de François Hollande.
D'un point de vue plus personnel, le regain d'espoir est également de mise : 61% des dirigeants se disent confiants pour leur entreprise pour les 12 prochains mois (+9 points), une confiance qui se répercute sur les intentions de recrutement qui retrouvent leur niveau d'avant crise : 9% des dirigeants envisagent d'augmenter le nombre de salariés au sein de leur entreprise.
Cet état d'esprit s'avère un peu plus positif parmi les entreprises de l'industrie et du BTP, moins durement touchées par la crise que le secteur du commerce – qui concentre notamment les cafés, restaurants et hôtels mais également la vente d'automobiles, ou encore le secteur des services – qui comprend les entreprises de transport, d'immobilier, de services de ménage ou encore les arts et spectacles. L'industrie et le BTP sont ainsi 71% et 68% à avoir confiance dans les perspectives de leur entreprise pour l'année à venir, et respectivement 11% et 12% à imaginer augmenter leur masse salariale, tandis que dans le commerce et les services, ils sont pour leur part 57% et 60% à se dire confiants et 8% à souhaiter recruter.
Aujourd'hui 26% des dirigeants interrogés déclarent avoir déjà mis en place un contrat en alternance au sein de leur entreprise, avec une nette préférence pour l'apprentissage (19%) au détriment de la professionnalisation (4%). 2% ne l'ont jamais fait, mais souhaitent adopter cette pratique dans l'année à venir.
Les entreprises de moins de 10 salariés sont 23% à recourir à ces types de contrats contre 71% parmi celles ayant au moins 10 salariés. Si l'on observe une polarisation en fonction de la taille de l'entreprise – la quasi-totalité des entreprises de 50 salariés ou plus étant concernée par l'alternance (93%, dont 74% comptent les deux formes de contrats en leur sein), on remarque que celles qui n'ont aucun salarié sont toutefois 12% à avoir déjà eu recours à ce type de contrats.
Parmi les dirigeants concernés par l'alternance (qu'elle ait déjà été mise en place ou qu'il s'agisse d'un souhait à court terme), 43% envisagent pour l'année à venir d'avoir au moins un apprenti et 9% de recourir à un contrat de professionnalisation. Transposé à l'ensemble des dirigeants, cela revient à 12% de chefs d'entreprise qui envisagent un contrat en apprentissage et 3% un contrat de professionnalisation.
Les grandes entreprises, qui ont déjà une expérience plus avancée du recours à ces contrats, se démarquent par leur souhait de persévérer en ce sens : 61% des entreprises de 10 salariés et plus souhaitent mettre en place un contrat d'apprentissage dans l'année à venir et 25% un contrat de professionnalisation.
Ceux ne souhaitant pas recourir à ces formes de contrats citent en premier lieu le fait de gérer seul leur activité et de ne pas avoir besoin d'aide (66%). Or, cela concerne naturellement les entreprises sans salariés (qui citent à 82% ce motif) tandis que les autres entreprises, ayant au moins un salarié, se justifient plutôt par le manque de disponibilité pour accueillir les apprentis et contribuer à leur formation (34% contre 22% en moyenne). La mauvaise expérience avec un apprenti, avancée par seulement 6% des dirigeants, l'est en revanche à hauteur de 17% dans le secteur du BTP. La crise sanitaire devrait en revanche n'avoir qu'un impact limité sur le non-recours à l'alternance : seuls 6% ne mettront pas en place ces formes de contrats par crainte d'une activité insuffisante dans les mois à venir et 2% par peur d'un affaiblissement de l'enseignement lié aux contraintes sanitaires.
12% des dirigeants d'entreprises de 1 salarié ou plus déclarent qu'avant la crise au moins un de leurs collaborateurs avait recours au télétravail contre 18% qui ne l'autorisaient pas. 70% nous disent quant à eux que leur que leur activité n'est pas compatible avec le travail à distance. Quelle que soit la taille de l'entreprise, dès lors que le télétravail est possible, on remarque que la règle était le plus souvent à l'interdiction de cette pratique qu'à son encouragement.
En revanche, les habitudes en fonction des secteurs varient fortement : alors que dans le commerce seuls 4% des entreprises autorisaient le télétravail (contre 19% qui l'interdisaient), les secteurs de la construction et des services se démarquent par une plus grande flexibilité : ils étaient autant ou presque à l'autoriser qu'à l'interdire (11% contre 13% pour le BTP et 17% contre 19% pour les services).
Aujourd'hui 24% des dirigeants dont l'activité est compatible avec le télétravail envisagent d'augmenter la part de télétravailleurs au sein de leur entreprise, y compris parmi ceux qui l'interdisaient avant la crise (22%).
De fait la responsabilisation des collaborateurs est une pratique managériale qui est appréciée des dirigeants concernés : 61% l'appliquent, dont 7% qui pensent la renforcer à l'avenir. Il en va de même pour la gestion en mode agile des projets (60%, dont 9% qui comptent y recourir davantage). D'autres pratiques managériales sont répandues, telles que la planification des tâches (59%) ou encore l'harmonisation des heures de travail pour tous les collaborateurs (50%), tandis que certaines restent plus confidentielles comme l'évaluation des collaborateurs grâce à un indicateur de performance individuel (19%).
Dans tous les cas, qu'ils les appliquent ou non, les dirigeants semblent peu enclins à revoir leurs méthodes : près de 90% reconnaissent n'avoir ni l'intention de renforcer leurs pratiques ni de les abandonner ni d'en adopter de nouvelles.
De la même manière, l'organisation des espaces de travail semble peu amenée à évoluer suite à la crise. Le flex office, par exemple, n'est envisagé que par 1% des dirigeants ayant au moins un salarié (2% seulement l'ayant déjà mis en place).